Line Nault s’intéresse au perceptif plus qu’au spectaculaire. Par le corps qui parle ou qui bouge, elle fait apparaître les structures invisibles des mécanismes humains et des comportements de machines. Elle qualifie sa démarche d’interstitielle, tant dans son travail sur le corps que dans son regard sur les pratiques artistiques.
Pas très loin de la création, Line donne des ateliers de recherche autour des dispositifs technologiques issus de ses projets artistiques. Elle enseigne aussi la Gyrotonic et la Gyrokinesis. Elle organise l’événement Vendredi Bouilli depuis 2014 dans le studio Artificiel. Elle est diplômée au Baccalauréat en danse et aux études supérieures en éducation Somatique à l’UQAM.
Nous vous présentons ici quelques oeuvres de Line Nault qui témoignent de son travail sur le corps et le numérique.
LA PROBLÉMATIQUE DE L’ERREUR – 2009 (performance)
Un projet où trois artistes multidisciplinaires (un acteur-compositeur, une photographe-graphiste et une chorégraphe-danseuse) partagent la scène dans un processus d’interactions émergentes. En utilisant un logiciel créé spécifiquement pour l’occasion, ils explorent différentes transformations temporelles et spatiales par l’entremise d’un dispositif audiovisuel (microphones, caméras, projecteurs) qu’ils manipulent explicitement sur scène. À travers un certain nombre de situations pré-déterminées, ils questionnent les notions d’erreur, d’absolu et de perception dans leurs pratiques respectives, tout en plaçant le corps à l’avant-plan du discours.
Attachée – 2012 (installation performative)
Attachée, est un projet du coeur, de la tête et du bassin.
Une femme, accompagnée d’un musicien, fait état du phénomène d’aimer. Un phénomène qui s’exprime à travers un dispositif où le somatique, le médiatique et le numérique sont formellement attachés. La femme porte un corset qui mesure ses mouvements respiratoires; son souffle amoureux. Ces données biométriques sont représentées par une entité virtuelle et abstraite, un troisième personnage qui relie et transforme le texte, la musique et la vidéo en direct sur scène.
Pour créer ce projet, Line Nault a revisité le contenu de 30 ans de ses journaux intimes, lettres, et gribouillis qui ont pour sujet l’amour. Elle en a raturé les noms, les lieux et les anecdotes pour ne garder que quelques échantillons de sensations et de réflexions. Les vides ainsi créés font place au geste, à l’image et au son. Le reste ne se dit pas, ne s’écrit pas, il est dans les méandres de la rencontre entre le spectateur et cette femme aimante.
LÀ – 2016 (Installation interactive pour 4 personnes)
À mi-chemin entre le spectacle et l’installation, Là est une expérience participative qui place les spectateurs au cœur de l’action. Quatre à la fois, les « spectracteurs » – comme l’artiste aime les nommer – déambulent dans un espace fantomatique, dont les contours sont dessinés par une structure lumineuse. Grâce à un dispositif de localisation, les présences actives et sensibles des participants révèlent les fragments sonores d’une histoire dont le cours change en fonction de leurs interactions. Les couches du récit s’enchevêtrent et se superposent et donnent ainsi lieu à une multitude de scénarios possibles.
SuperSuper – 2016 (performance)
Fondé sur la recherche du nombre ultime ainsi que sur les principes de résonance du corps dans l’espace et de projection dans le numérique, SuperSuper est un triptyque composé de Super8, Super réalité et Super N64. Corps, son et image sont ici modelés et articulés par un système de localisation. Les mouvements et déplacements des interprètes échafaudent peu à peu un monde parallèle, un espace augmenté, sorte de base de données. Une forme de surveillance opère sur les protagonistes, les maintenant prisonnières du jeu dans lequel elles évoluent, pour aboutir finalement à une relecture de Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, de Mallarmé. Projet synthèse réunissant toutes les préoccupations artistiques de Line Nault, SuperSuper s’érige autour de systèmes, de codages, de flux génératifs, de mouvements et de mots – le mouvement qui parle et les mots qui bougent – qui catapultent les éléments physiques, sonores et visuels dans des zones où la perception est complètement transfigurée.