Son matériel est constitué de corps numérisés. Pendant la période où elle travaillait avec des ensembles de données de numérisation (à partir de 2001), l’impact et la nature de la numérisation dans le monde médical et dans la vie quotidienne ont radicalement changé. En tant qu’artiste, son objectif est d’être particulièrement à l’écoute de ces changements et de les remettre en question dans ses œuvres. Craignant la perte des relations humaines incarnées, elle a travaillé avec des ensembles de données de corps qu’elle connaissait et aimait afin de les préserver. Ses motivations étaient sentimentales et nostalgiques mais aussi ironiques, jouant avec des promesses désillusionnées selon lesquelles la technologie s’améliorera et nous sauvera à l’infini.

Nous vous présentons ici quelques oeuvres de Marilène Oliver qui témoignent de son travail sur le corps et le numérique.

FAMILY PORTRAIT – 2003 (sculpture)

Oliver a travaillé avec Paul Morgan à l’Université de Nottingham pour acquérir des IRM de chacun des membres de sa famille. Les scans ont ensuite été traduits et imprimés en bronze sur des feuilles d’acrylique et présentés comme un portrait de famille sculptural.

DERVISHES – 2007 (sculpture)

Installation sculpturale réalisée à l’aide du jeu de données CT anonymisé Melanix, trouvé via le logiciel d’imagerie médicale Osirix. Oliver post a traité les données pour extraire les scans dans une formation en éventail autour de différents axes ».

MELANIX EXECUTE – 2011

La radiologie permet de visualiser les mêmes données entre différentes plages de densité: un corps scanné peut être affiché comme tous les os, tous les muscles, toutes les peaux ainsi que tout niveau intermédiaire. L’effet pour l’œil non médical lorsque les données sont rendues sous forme de volume 3D est à la fois séduisant et dérangeant: au glissement de la souris, un corps peut être sans cesse déplié et refoulé. Le capteur Kinect (un tracker de mouvement et de squelette) a permis à Marilène Oliver et au codeur créatif Brendan Oliver, de développer l’idée d’une danse entre le corps scanné et l’utilisateur de l’ordinateur en une expérience grandeur nature du corps entier. Par exemple: si l’utilisateur bouge son bras droit, le bras gauche de Melanix commencera à se déplier. Plus ils bougent leur bras, plus il se déplie jusqu’à ce qu’il atteigne l’os. La structure de la danse suit celle du strip-tease burlesque: l’utilisateur bouge son corps jusqu’à ce que tout Melanix soit mis à nu, une fois nu, elle exécute une série de pirouettes et se retourne dans le temps avec le mouvement du corps entier de l’utilisateur.

DEEP CONNECTION – 2019

Utilisant des données issues de scan par résonance magnétique (IRM), Marilène Oliver a créé une oeuvre en réalité virtuelle : un corps numérique que l’utilisateur peut explorer et avec quoi il peut connecter. Deep Connection nous parle de notre relation symbolique et émotive au corps humain, ici à la fois présent et absent, flottant et enraciné dans l’espace. Ce corps est-il celui d’un être cher ou celui d’un ancêtre commun à toute l’humanité ? Hors du temps, il semble nous offrir la possibilité de nous reconnaître en lui. Partant du principe que la façon dont nous nous percevons influence notre façon de nous comprendre, la création de visions matérielles et immatérielles du corps à partir de données numériques nous permet de comparer comment les médias réels et virtuels nous affectent.